Cette équipe de France a du cœur !
Par Yann Saulnier le vendredi 25 mai 2018
Il y a encore quelques années, voire quelques mois l’équipe de France de Muay Thai de la FFKMDA était largement critiquée. En externe comme en interne, les remarques négatives sur les résultats, les méthodes voire même les encadrants fusaient de toutes parts. « Mais ça c’était avant » comme le dit si bien la publicité, car depuis, il y a eu les Championnats du Monde Amateurs de Cancún 2018 où l’on a pu voir une équipe de France volontaire, conquérante et convaincante. Cette compétition marquera sans doute le début d’une nouvelle période pour l’équipe de France. Nous vous proposons de faire connaissance avec les membres de l'équipe qui se trouvaient à Cancún et d'analyser un peu leur parcours durant cette compétition.
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Vianney SEPEROUMAL 75 kg
Les Réunionnais ont une difficulté supplémentaire à gérer lors des premiers jours de la compétition : la fatigue additionnelle due à leur premier déplacement. Ils ont évidemment dû prendre un vol entre Saint Denis (La réunion) et Paris afin de rejoindre le groupe « équipe de France » et effectuer un départ en équipe. Tout cela pour dire qu’avec les 16 heures d’avion nécessaires pour rejoindre Cancún, ces messieurs de la Réunion se retrouvent donc avec plus de 24 heures de vol cumulées quelques jours avant le combat. Toujours est-il que la première participation de Vianney SEPEROUMAL à ces championnats du monde ne lui a pas permis de s’imposer lors de son premier combat. Il n’a cependant pas démérité en commençant très bien son combat, mais il est arrêté dès le premier round par le Canadien Derek JOLIVETTE en quart de finale.
Christophe PAVAYE 71 kg
Avec seulement 4 combats pros à son actif, Christophe se retrouve, de part ses bons résultats, détectable puis sélectionné en équipe de France en quelques mois. Comme expliqué plus haut, les conditions de voyage particulièrement fatigantes ne sont déjà pas forcément des facteurs faciles à intégrer. Il nous avouera d’ailleurs avoir été extrêmement fatigué et n’avoir dormi que 2 à 3 heures par nuit durant les premiers jours de compétition. Mais pour Christophe, on va dire que cela n’était encore rien par rapport aux difficultés que lui réserve la constitution de sa poule. Jugez par vous même : Andrei KULEBIN, YODWICHA, le Turc Yildirim OGUZ. Autant dire que la tâche s’avère d’entrée difficile. Mais contre toute attente, Christophe va réussir à passer le huitième de finale. Au grand étonnement de tous, il sort le Russe Kirill KRUGLYAKOV. En quart de finale il est opposé au Turc Yildirim OGUZ, qui aborde le combat en étant très sûr de lui, voire même de manière insolente. Rapidement touché et compté par un back-fist, il aurait pu comme on dit « baisser le pavillon ». Loin de là, Christophe a serré la garde, serré les dents et du haut de ses seulement 4 combats classe A, il fait un choix tactique juste par rapport aux compétences techniques dont il dispose : il se lance dans une « marche en avant » afin de miser sur le corps à corps et essayer de toucher son adversaire à coups de genoux. A ce petit jeu, le Turc va très vite perdre son insolence et son « hyper assurance ». Christophe touche plusieurs fois le Turc mais pas suffisamment pour l’emporter. Le Turc est déclaré vainqueur mais Christophe peut être fier de lui car il est revenu dans un combat difficile et a prouvé qu’avec un peu plus d’expérience et de technique, il deviendra très probablement une valeur sure de l’équipe de France.
Samuel DBILI 81 kg
Opposé au boxeur Suèdois Constantino NANGA particulièrement réputé pour avoir une très bonne anglaise, Samuel va vivre une situation assez proche de celle que Christophe a vécu.
Compté par le Suédois, Samuel va réagir en faisant preuve de beaucoup de tempérament, en misant lui sur les coups de genoux directs. Même si tactiquement ce n’est pas un mauvais choix, il n’arrivera cependant pas à toucher son adversaire durement. Tout comme Christophe, c’est donc avec panache et courage que Samuel voit son adversaire s’imposer et prendre la route des demi finales.
Naoil TITA 63,5 kg
Apres avoir rencontré et battu l’Ukrainienne Viktoriia YEVTUSHENKO en huitième de finale, Naoil TITA rencontre une vieille connaissance en quart de final. Une adversaire qu’elle connaît effectivement bien puisqu’elle l’avait déjà rencontrée lors des derniers championnats d’Europe à Paris. Lors de cette confrontation, elle était passée tout près de la victoire mais avait dû finalement s’incliner. Pour ce nouveau rendez vous, l’avant combat ne se présente toutefois pas dans les meilleures conditions pour Naoil. Effectivement, affronter la championne d’Europe en titre, la Russe Svetlana VINNIKOVA, avec une blessure au poignet droit qui ne lui permet pas d’utiliser sa main droite n’est pas la meilleure des prédispositions ! Qu’a cela ne tienne, s’il y a bien un registre ou Naoil s’est déjà distinguée, c’est bien sûr sa capacité mentale à aller au bout des combats avec rage et détermination. Encore une fois, Naoil va faire face, avec sa volonté. Réduite à ne pouvoir utiliser que sa main gauche, elle va toucher et déstabiliser son adversaire avec son direct durant la deuxième et troisième reprise. Elle va si bien faire face à son adversaire qu’elle va même devenir celle qui prend clairement l’initiative et celle qui touche. Malheureusement cette vision ne sera pas partagée par les juges qui vont accorder la victoire à la combattante Russe qui sera d’ailleurs consacrée championne du Monde à l’issue du tournoi. Dommage pour Naoil qui prouve par ses prestations qu’à 36 ans on peut encore être une athlète de haut niveau très performante.
Il se murmure d’ailleurs que Naoil livrait là son dernier combat. C’est dommage car c’est toujours un plaisir de la voir évoluer sur un ring et l’on sent qu’elle dispose encore d’un haut potentiel de performance. Mais bien évidemment, comme toujours, c’est l’athlète qui sait quelle est la meilleure disposition à prendre pour sa carrière et il faut respecter cela. Bonne route championne !
Lorenzo SAMMARTINO 63,5 kg
Après s’être qualifié en huitième de finale, Lorenzo SAMMARTINO se retrouve en quart de finale où il livre un combat particulièrement impressionnant On peut dire qu’il est brillamment rentré dans la compétition. Opposé au Russe Pavel VALTERAN pour les demi-finales, il va devoir faire face à une situation tactique compliquée. Son adversaire, beaucoup plus grand, dispose d’une bonne tête de plus que lui et… sait particulièrement bien se servir de ses genoux et… semble particulièrement expérimenté. Touché une première fois par un coup de genou au front, Lorenzo va être amené à subir de nouveau le travail de saisie de son adversaire. Sans être touché, il va être compté à nouveau. Enfin sur une nouvelle attitude de repli mais sans même que son adversaire articule un coup de genou, l’arbitre va certainement aller un peu vite en besogne et compter une troisième fois le boxeur français. C’est la fin de l’aventure mexicaine pour Lorenzo qui sort en quart de finale mais hérite quand même d’une médaille de Bronze bien méritée. Il a sans doute payé là son manque d’expérience en faisant face avec ses 15 combats à un boxeur russe qui en a probablement 100 à 150 à son actif.
Juliette LACROIX 51 kg
Après avoir sortie la Turque Ezgi HAMAL en huitième de finale, Juliette est opposée en quart de finale à la boxeuse polonaise Gabriela KUZAWINSKA. Durant ce combat Juliette va se dépasser, se surpasser et faire preuve d’une extraordinaire combativité remarquée de tous les observateurs présents, même étrangers. Elle va toucher durement à plusieurs reprise son adversaire et s’imposer à chaque round. A l’issu d’un combat très engagé où la Polonaise a beaucoup souffert, Juliette s’ouvre ainsi logiquement les portes de la demi-finale en forçant le respect de tous. En Finale, elle est opposée à la combattante Suédoise Josefin LINDGREN KNUTSSON. Décidément, Juliette n’hérite pas d’un parcours facile et encore une fois ce combat va être dur. Juliette jette toutes se forces dans la bataille. A plusieurs reprises elle passe des enchainements qui vont toucher son adversaire. Malheureusement, cela ne suffira pas pour emporter la victoire et Juliette sort de cette compétition avec une médaille de Bronze.
Amine KEBIR + de 91 kg
Rentré directement en demi-finale, Amine KEBIR est opposé au Russe Kirill KORNILOV. Amine débbute bien son combat et opte pour un travail de sape sur la jambe avant de son adversaire. Lorsque l’on fait ce type de choix, il faut évidemment s’y tenir et aller jusqu’au bout. C’est ce que va faire Amine en touchant systématiquement la jambe de son adversaire. Malheureusement, contre un adversaire qui a de la foudre dans les poings, il faut prendre ses précautions et neutraliser l’axe en permanence pour l’empêcher de sortir. C’est exactement sur cette petite fenêtre que le combattant russe va saisir son opportunité et partir avec une droite supersonique. Amine est durement touché. Le combat reprend et le Russe repart directement à l’assaut. Jugeant qu’Amine n’avait pas complètement récupéré ses moyens et surtout n’avait plus les réflexes élémentaires, l’arbitre (qui est également docteur de profession) stoppe Amine sans même le compter une deuxième fois.
Amine s’incline donc en demi-finale.
Myriame DJEDIDI 48 kg
En moins de 51 kg, Myriame DJEDIDI commence son parcours en huitième de finale où elle est opposée à la combattante Turque Nazife UZUNER. Après s’être imposée, elle se retrouve en quart de finale face à l’Américaine Natalie SALCEDO. Assez mobile et à l’aise dans le fait de toucher sans être touchée, Myriame va gérer ce combat de manière très intelligente. Au fil des rounds, elle va marquer ses points et remporter logiquement ce combat qui la qualifie pour la demi-finale. En demi-finale, elle est opposée à la Thailandaise Suphisara KONLAK.
Celle-ci est droitière, Myriame gauchère, ce sera donc un duel de jambe arrière contre jambe arrière. A ce petit jeu, la Thai excelle. Elle marque ses points régulièrement avec sa jambe et enchaine ensuite au corps. La Thai emporte la mise sur les deux premiers rounds, Myriame se prend un plus un avertissement pour avoir touché les cordes. A la troisième reprise, La Française mise sur les poings. Compte tenu de la situation au décompte des points, c’est un bon choix. Du coup elle va attaquer sans relâche, suffisamment pour remporter le gain de la troisième reprise mais pas suffisamment pour toucher durement la thaïlandaise et la mettre KO ou l’amener à être comptée plusieurs fois. Suphisara KONLAK est déclarée vainqueur du combat et s’ouvre les portes de la finale qu’elle remportera. Myriame DJEDIDI doit se contenter d’une médaille de Bronze.
Anaelle ANGERVILLE 57 kg
Anaelle rentre dans la compétition en huitième de finale ou elle est opposée à l’américaine Erin JIMENEZ. Après s’être imposée, elle rencontre une l’Ukrainiene Viktoriia IVANETS en quart de finale. Encore victorieuse, elle est opposée en demi-finale a la Russe Maria KLIMOVA. Anaelle fait preuve d’une extraordinaire combativité et rage de vaincre. C’est d’ailleurs grâce à cette qualité qu’elle s’ouvre les portes de la finale contre l’italienne Martine MICHIELETTO. Anaelle aborde extrêmement bien la 1ere minute du premier round en optant pour un travail de jambe arrière à l’intérieur de la jambe avant de son adversaire et au corps. Tout allait si bien. Subitement, la voilà qui part sur autre chose. Autre chose qui cependant sera quand même plus que ce que fait son adversaire, mais peut être rendra beaucoup moins lisible son autorité sur le combat. De l’avis de beaucoup et même d’observateurs très avertis de pays étrangers et malgré un choix tactique discutable, Anaelle remporte les 3 reprises. Mais les juges en décident autrement et Annaelle doit se contenter d’une médaille d’argent. Mais quand même un grand bravo à elle pour cette combativité et cette détermination dont elle a su faire preuve tout au long de la compétition.
Conclusion :
Au final la France ramène 5 médailles sur 9 athlètes engagés. Ce n’est pas si mal statistiquement. Au classement brut, sur 84 pays la France se classe en 20 ème position. Le classement brut ne prenant pas en compte le nombre d’athlètes engagés, il est donc normal qu’une nation présentant d’avantage d’athlètes ait donc plus de chances. La Russie étant le pays qui a engagé le plus d’athlètes (29 au total) finit première, la Thailande deuxième avec seulement 11 nak muay engagés. En revanche, en prenant en compte le nombre d’athlètes engagés, la France se classe 12ème sur 84 nations. Ce qui n’est pas si mal pour une nation en reconstruction. En prenant en compte le nombre d’athlètes, la première Nation est… la Thaïlande bien sûr !
L’équipe de France vous donne rendez vous à Prague pour les Championnats d’Europe au mois de Juin 2018.
Merci à Daniel pour les photos